Depuis l’intégration de l’Espagne à la CEE (1986), son adhésion à la zone Euro (1999) puis aux accords de Schengen (1991), la frontière entre ce pays et la France est devenue beaucoup plus perméable. Les signes tangibles de celle-ci (barrières, postes de police et de douane, bureaux de change, etc.) ont disparu donnant l’impression d’un continuum territorial. Pourtant, la frontière reste le marqueur d’une discontinuité politique entre deux souverainetés de plein exercice, délimitée en fonction d’un tracé imposé par le traité des Pyrénées (1659) (Foucher, 1988). Même si elle ne fait plus l’objet d’un contrôle, sauf en période de crises, elle reste nécessaire à ces deux « nations en quête d’un dedans pour interagir avec un dehors » (Foucher, 2016) ; en ce sens, elle est tout à la fois l’« expression d’un projet » et le « produit d’une relation » (Raffestin, 1990). Elle est aussi une « réalité profondément inégale en fonction des personnes » (Amilhat Szary, 2015 : 12). Ouverte pour les citoyens européens, objet de pratiques et de représentations sociales variées (Considère et al., 2017), la frontière franco-espagnole peut être considérée comme une construction territoriale ambivalente qui « met de la distance dans la proximité » (Groupe Frontière, 2004). Elle demeure créatrice d’un différentiel propice aux échanges. Dès lors, comment valoriser ce différentiel pour en faire un facteur d’attractivité touristique dans le cadre d’un projet européen de coopération transfrontalière visant en principe à créer de la continuité ?